top of page

Ici Cape Town!

​Le vent est tombé ! Depuis mon arrivée dimanche dernier, un vent digne d’une tempête perpétuelle balaie la baie de notre quartier, particulièrement exposée. Les bourrasques qui soufflent sur la mer renvoient l’eau en sens inverse des vagues : des flaques de brume qui flottent au-dessus de la surface en retournant vers le large, comme si l’eau se détachait des vagues pour fuir à l’approche du rivage. Mais ce matin en me réveillant, un silence absolu : pas de bruyantes rafales de vent qui viennent frapper les façades, s’engouffrer dans les moindres recoins et siffler entre les fenêtres. Ce matin, on entend le pépiement des oiseaux, et l’océan depuis nos fenêtres est d’huile, turquoise.


Le contraste est frappant entre le quartier aisé dans lequel j’habite, perché à flanc de montagne et face au large, et l’environnement de travail en usine que je découvre petit à petit.

Vue sur Camps Bay et le pic de Lion's Head depuis l'appart

Le cadre dans lequel s’est développé Cape Town est grandiose. Où que l’on soit, la Table Mountain se dresse non loin, majestueuse. La ville s’enroule et s’étire tout autour du massif montagneux de Table Mountain. Les routes et autoroutes serpentent autour, on passe son temps à monter et à descendre pour passer d’un côté ou de l’autre. Quand le ciel n’est pas parfaitement bleu, les nuages dévalent du sommet de la montagne, comme une avalanche de nuages. Les arbres hauts et secs poussent de travers, violemment tordus par le vent. Par endroit, des étendues de hautes herbes jaune vif contrastent avec le vert profond des arbres : un paysage de savane à flanc de montagne.

Table Mountain depuis le centre ville

Mon installation me semble extrêmement simple et fluide, grâce à mes deux collocs qui sont en Afrique du Sud depuis déjà plusieurs mois, ainsi qu’au groupe de 10 VIE qui travaillent dans la même usine que moi. J’apprends depuis vendredi à maîtriser la conduite à gauche et la boîte de vitesse inversée. Le défi des semaines à venir sera de m’acheter une voiture.


Ce qui frappe aussi, c’est la diversité des accents et des couleurs de peau : je suis bien dans la nation arc-en-ciel. Mon oreille doit se faire à une dizaine d’accents, en fonction des origines de la personne à qui je m’adresse – ascendances anglaise, afrikaner, indienne ou noire. Les nuances de couleurs de peau sont innombrables. Au sein de l’équipe RH de l’usine par exemple, il y a un indien, un noir, deux blanches, trois métisses.


On dit que Cape Town n’est pas l’Afrique. Mais malgré tout, l’Afrique, ses scènes incongrues et la pauvreté, surgissent parfois brusquement au détour des routes ou des avenues bordées de palmier. En partant le matin, on aperçoit des gens qui ont passé la nuit sur la pelouse qui borde la rue. Des piétons solitaires le long des routes commencent leur journée de travail par de longs kilomètres de marche. On croise une voiture dans laquelle s’entassent une dizaine de personnes : trois sont assises dans le coffre, les jambes qui pendent en dehors par le coffre resté ouvert. Des dindons se promènent sur le bord de la route dans les broussailles. Un homme dévale le long de la quatre-voies en se servant d’un cadi de supermarché comme d’une trottinette. On croise une camionnette qui roule le coffre ouvert : deux hommes sont allongés à plat ventre sur le plancher de la camionnette : ils partent bosser, ils sont posés, ils profitent de ce moment de repos. Tous ces gens sont à 98% tous noirs.




Comments


© 2023 par SUR LA ROUTE. Créé avec Wix.com

bottom of page