L’Afrique du Sud abrite une curiosité linguistique : c’est le seul pays au monde où l’on trouve des langues à clics, c’est-à-dire que le son émis par les cordes vocales se combine à des claquements de langue sur le palais. Les langues de trois peuples noirs en AdS présentent cette caractéristique. C’est le cas du xhosa (prononcer «kossa »), la langue du peuple Xhosa. C’est la deuxième langue la plus parlée en Afrique du Sud, soit 18% de la population. C’est aussi la langue maternelle de beaucoup de personnes à l’usine, c'était aussi celle de Mandela.
Cela produit un effet incroyable : on a l’impression que la personne parle et que quelqu’un d’autre fait des bruitages derrière. Sauf que non : tous les sons sortent bien de la bouche de la même personne. Impossible pour les non-initiés de parvenir à émettre le clic en même temps que l’on parle, c’est toujours désynchronisé.
A l’écrit, les clics correspondent aux lettres « x », « c » et « q ». Donc le nom de la langue, « xhosa », se prononce déjà avec un clic. Quand le prénom de vos collègues commence par un clic, vous êtes bien embêté, puisque vous savez que vous allez d’office massacrer leur prénom. Le xhosa est une langue à tons (comme le chinois). Chaque clic compte six variétés, chacune dans deux tonalités.
Concrètement, ça donne quoi ?
Le «c » est un clic dental qui se fait de la langue sur l'arrière des dents à la façon du tss-tss de réprimande.
Le « x » est un clic latéral, la langue créant une dépression dans la partie inférieure de la bouche libère soudain la cavité de chaque côté et produit un son similaire par lequel on appelle un animal.
Le « q » est très proche, et se fait de façon similaire mais la cavité est formée dans le haut de la bouche avec la langue contre le palais.
En vidéo, ça donne ça.
Pour illustrer en musique, voici une chanson d’un groupe sudafricain des années 50, les Manhattan Brothers. Miriam Makeba, la chanteuse, était le leader du groupe, jusqu’à ce qu’elle fuit l’Afrique du Sud pendant l’Apartheid et se réfugie entre autres en France. La chanson s’appelle « Qongqothwane», c’est une chanson sur une tradition liée au mariage chez les Xhosas. En anglais, on l’appelle « Click song », vous comprendrez vite pourquoi.
Lyrics:
Igqira lendlela nguqo ngqothwane The road’s witchdoctor is the knocking beetle
Igqirha lendlela kuthwa nguqo ngqothwane The witchdoctor of the road is said to be the knocking beetle
Seleqabele gqi thapha nguqo ngqothwane He has passed by up the steep hill, the knocking beetle
Selequbule gqi thapha nguqo ngqothwane He did pass by up the steep hill, the knocking beetle
“Qongqothwane” is a song about where the village’s witch doctor can be found. This is important because it is the witch doctor who gives good blessings and advice for the future to the Xhosa’s newlyweds. But this witch doctor looks just like a normal person, not like what most people think of when they imagine a witch doctor — strange hair, charms, and all that. So sometimes, he can be hard to find since he looks like everyone else. He is compared to a “knocking beetle,” a type of beetle that makes an abrasive sound when it strikes its abdomen against the ground. Children play with these beetles, and they are said to lead the way home. In a way, the witch doctor is very like the beetle, as he leads the newlywed couple to a new future together in the same way that the beetle leads children home to where they belong.
Pour la petite histoire, Miriam Makeba, c’est aussi celle qui chante « ça te coûte un sac poubella ». Le véritable titre de la chanson, c’est « Pata pata », et si après tant d'années de sacpoubella, vous voulez enfin découvrir le sens des paroles, c’est par ici.
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