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Possédé par un tokoloshe

Discussion passionnante cette semaine avec le responsable RH de l’usine, après qu’il ait mentionné qu’il devait gérer ces jours-ci le cas d’un ouvrier possédé par un tokoloshe.



Dans la culture sud-africaine noire, un tokoloshe est un mauvais esprit qui rôde dans les maisons ou les recoins des entrepôts, allant jusqu’à habiter le corps de certaines personnes. Comme il est invisible, personne ne sait trop à quoi il ressemble, mais il ne mesure pas plus de 20 ou 30cm de haut. Pour s’en protéger, la solution consiste à surélever tous les meubles chez soi avec des briques, comme ça le tokoloshe ne vous atteint pas.


Il peut être envoyé par les ancêtres, lorsque ceux-ci ne sont pas satisfaits de la vie que mène leur descendant. Mais il peut aussi être appelé par une personne souhaitant nuire à une autre : elle ira voir un sangoma (le guérisseur, shaman ou sorcier du coin, en fonction de comment vous voulez l’appeler), qui introduira un tokoloshe dans la victime désignée. C’est aussi le sangoma qui est le seul habilité à débarrasser quelqu’un d’un tokoloshe.


Le tokoloshe perturbe la stabilité émotionnelle de sa victime, causant de violentes sautes d’humeur, des troubles du sommeil, des maladies, des crises épileptiques, des comportements violents, voire pouvant aller jusqu’à causer la mort.


Le tokoloshe est souvent associé à un autre mal propres aux cultures zoulou et xhosa en Afrique du Sud, l’amafufunyana. Les personnes atteintes entendent des voix venant de leur ventre dans une langue qu’elles ne comprennent pas. Ces voix s’adressent à la personne dans laquelle elles habitent, deviennent de plus en plus agressives et influencent le comportement de leur victime, qui en devient dangereuse. Dans nos sociétés occidentales, on dirait dans ce cas que la personne souffre de schizophrénie ou d’un dédoublement de personnalité.



En soit, rien de bien surprenant : chaque religion, chaque culture a ses mauvais esprits, son diable. On y croit ou on y croit pas, c’est un autre sujet. Ce qui est plus étonnant, c’est de voir à quel point cela présent dans le quotidien : jamais en France les journaux ne titreraient qu’un meurtre a été commis parce que l’assassin était possédé par le diable. Ici, les cas de tokoloshe paraissent dans des journaux, et ils peuvent devenir une problématique que doivent gérer les RH. Dans le cas de cet ouvrier à l’usine, ses collègues, tout comme le délégué du personnel, sont tous convaincus que son comportement étrange et agressif s’explique par le fait qu’il est possédé par un tokoloshe.


Ces derniers mois, plusieurs opérateurs ont déjà demandé au responsable RH de l’usine de faire venir un sangoma à l’usine. L’usine déplore tristement cinq décès depuis l’an dernier, ainsi que plusieurs accidents : certains disent donc que l’usine est habitée par des mauvais esprits, et qu’il faut chasser ces esprits. Pour l’instant aucun sangoma n’est venu. Peut-être cela se fera-t-il si d’autres demandes sont formulées en ce sens. Auquel cas, mon collègue m’a expliqué que oui il ferait venir un sangoma, pour respecter les croyances de ses ouvriers et les rassurer.


Pour illustrer, un article ici sur l’amafufunyana.

Et ci-dessous, un court-métrage qui met en scène un tokoloshe, pour vous mettre dans l’ambiance :


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