Voilà la barre des six mois franchie! L'occasion d'un premier bilan de ma conversion (ou au contraire de ma résistance) aux petites choses sud-africaines du quotidien.
Ce qui est devenu naturel et normal :
¤ Prendre les gens dans mes bras pour dire bonjour ou au revoir. Le fameux ''hug'' américain a la vie belle ici.
¤ Doubler à gauche quand je conduis. Rien d'étrange à cela vous direz-vous ? Eh bien si, puisqu'ici on doit doubler à droite vu qu'on roule à gauche. Sauf que les Sud-africains ont la fâcheuse habitude de rester sur la voie de droite quand ils ne doublent pas. Alors on s'en fout et on double à gauche, tout le monde le fait.
¤ Commencer toute interaction humaine par un ''Hi ! How are you?" enjoué. Votre interlocuteur vous répondra systématiquement ''I'm good, how are you?''. Cet échange est incontournable, que vous vous adressiez à un collègue, un candidat que vous appelez pour fixer un entretien d'embauche, votre femme de ménage, l'opérateur du centre d'appel qui vous prend en charge, le serveur du restaurant, le pompiste de la station service ou la nana au péage.
¤ Caler un ''man'' au milieu de ses phrases : ''I'm fine man'' , ''thanks man'' , ''oh man I'm tired'' , ''shame, man''. Ca ne veut pas dire que vous vous adressez à un homme (c'est complètement normal de dire ''thanks man'' à une femme), c'est en quelque sorte une interjection, intraduisible en français.
¤ Manger un avocat par jour. Ici les avocats poussent dans les jardins et s'achètent par sachets entiers, au prix exhorbitant de ...1,5€ le kilo.
¤ Appeler tout le monde par son prénom, et ne pas s'embêter avec des ''monsieur'' ''madame'' guindés.
¤ Reconnaitre, au téléphone ou à la radio, si la personne qui parle est noire, coloured, afrikaner anglaise ou afrikaner boer en fonction de son accent.
¤ Acquiescer à une proposition d'un ''alright'' sonore en roulant le r longuement avec l'accent coloured, ce qui fait mourir de rire tous mes collègues. J'ai trouvé mon nouveau délire équivalent à mon ''buzhidao'' chinois.
¤ Se voir servir un verre de vin rempli à ras bord, équivalent à deux, voire trois, de nos verres français. Quand on vous sert dans un grand verre, je vous laisse visualiser, vous avez presque une demi-bouteille dans votre verre.
¤ Ajouter systématiquement un peu de lait dans son café.
Ce que je ne parviens toujours pas à faire :
¤ Déclarer ma journée de boulot terminée à ...16h30. Pour leur défense, ils sont au bureau à 7h30, 8h max. Rien de bien choquant chez nos fonctionnaires français en fait.
¤ Ne pas déjeuner à midi ou bien avaler quelque chose vite fait devant mon ordi. Il y a deux tables en bois dans la cour au milieu de l'usine ; étrangement, à l'heure du déjeuner, vous y trouvez une bonne partie des Français qui bossent dans l'usine :)
¤ S'exclamer d'un ''ohlala c'est loin!'' effaré dès qu'il faut marcher plus de 10min.
¤ S'habituer au pain de mie. Heureusement que la seule boulangerie à la française de Cape Town n'est pas très loin de chez moi et qu'on peut de temps en temps se réconforter d'une baguette acceptable.
¤ Saliver devant leurs gâteaux. Une génoise de 10 ou 15cm de haut, spongieuse à souhait et sans goût si ce n'est un kilo entier de sucre, aux couleurs flashs pas du tout naturelles, recouverte d'un glaçage fait d'un autre kilo de sucre... Vous visualisez ? J'en pleure. Alors j'apporte des gâteaux français à mes collègues pour les éduquer à la vraie pâtisserie ; après une période de choc profond où ils étaient consternés de la taille ridicule du gâteau en question et où ils ne concevaient pas qu'on puisse manger un gâteau sans crème et sans glaçage, voilà mes gâteaux acclamés par un plébiscite général, et ils attendent à chaque fois le suivant avec impatience.
¤ Verser dans un mug 1/2 cuillère de café soluble, ajouter trois cuillères de sucre, remplir le mug d'eau chaude et appeler ça un café. Je vous laisse imaginer leur tête quand ils me voient me préparer mon café.
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Et puis sinon rien à voir, mais vous avez droit en prime à un petit selfie de l'équipe RH Faurecia South Africa : Tanya, ma chef, à ma droite ; les autres sont les responsables RH de chaque usine. Les deux au premier plan sont ceux de Cape Town, qui prennent soin de moi comme de leur propre fille :)
