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#Feesmustfall, révolte étudiante


Depuis plusieurs semaines, les universités sud-africaines sont secouées par un violent mouvement de protestation. Le gouvernement avait fait la promesse de rendre l'éducation gratuite il a quelques années. Promesse faite plutôt en l'air, mais que les étudiants ont prise très au sérieux. Aucun progrès n'ayant été fait dans ce sens plusieurs années après, depuis septembre les universités sont bloquées et occupées par des hordes d'étudiants syndiqués en colère.

Ils protestent contre l'augmentation des frais d'inscription, mais réclament aussi la gratuité totale des cursus universitaires. Les manifestations ont dégénérées dans plusieurs universités, de nombreux dégâts ont été causés avec destructions des infrastructures.


Le mouvement a pris une telle ampleur que beaucoup d'universités ont dû fermer. Les cours sont suspendus depuis plusieurs semaines. Un gros débat agite la société sur le sujet, et l'issue de la grève semble encore loin. Ce qui pose un sérieux problème puisque les examens de fin d'année sont censés commencer bientôt, et que les rectorats ont prévenus que l'année académique risquait d'être invalidée si les cours ne reprennent pas bientôt. Pour autant, les manifestants ont fait savoir qu'ils occuperaient les campus jusqu'à ce que toutes leurs revendications soient satisfaites.

Dans ce pays où les inégalités sociales sont parmi les plus fortes au monde, l'éducation reste pour beaucoup de jeunes le seul moyen de sortir de la pauvreté. Parmi les étudiants noirs d'aujourd'hui, ils sont nombreux à être les tous premiers de leurs familles à aller à l'université et à obtenir un diplôme. Ce diplôme est pour eux un symbole de progrès social très fort et surtout la garantie de trouver un travail avec un salaire plus élevé et de faire mieux vivre leur famille.


Ce qui me frappe, c'est que ce débat est devenu un affrontement Noirs contre Blancs. C'est dingue à quel point tout sujet de société dans ce pays fait immédiatement resurgir les stigmates de l'apartheid : les Noirs d'un côté les Blancs de l'autre, diatribes de lutte contre les Blancs, le poing levé symbole de la lutte contre l'apartheid. Il est vrai que les Blancs font globalement partie des classes plus aisés donc ils ne font pas partie du mouvement de protestation, alors que les familles noires ont des revenus souvent très modestes.


En toile de fond de cette grève estudiantine, il y a aussi ce que certains appellent dans la société sud-africaine le phénomène de ''democrazy'': maintenant que la démocratie est là, beaucoup de gens autrefois victimes de l'apartheid estiment que tout doit leur être dû gratuitement et sans effort ni travail de leur part. Et si leurs revendications ne sont pas satisfaites positivement, ils crient à la discrimination. Ne me méprenez pas : je ne veux pas dire par là que je minimise le fossé inégalitaire ; c'est simplement une dérive des comportements qu'on observe, confirmée par certains Noirs eux-mêmes.


Je ne sais pas quelle issue aura ce mouvement de grèves dans les universités. Ce qui est certain c'est que le pays n'a pas les ressources ou la maturité politique suffisantes pour rendre l'éducation supérieure gratuite. Le parti de l'opposition vient de proposer un système de gradation des frais de scolarités en fonction des niveaux de revenus de chaque étudiant, ce qui semble le plus pragmatique.

Dans ce reportage, vous pouvez voir comment on fait la grève en Afrique du Sud : en chantant et en dansant ! Mais ne vous y trompez pas, chanter et danser ne veut pas dire qu'ils ne sont pas en colère ; c'est juste leur manière de l'exprimer, aussi insolite que cela puisse nous sembler.


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