Mis à part les townships des alentours, Cape Town est une ville très occidentale. Alors au quotidien, je dois dire que je ne me sens pas vraiment en Afrique. Mais il est de ces moments où soudainement, au détour d’un coin de rue, d’une posture ou d’une réaction, je me retrouve tout à coup transportée au beau milieu du continent. Des plongées inopinées dans la spontanéité et le naturels si caractéristiques des Africains.
● Quand une collègue vient te voir toute contente, te dévisage et te dit avec un grand sourire tout réjoui pour toi que ‘’oh tu as grossi, ça ta va bien !’’. Dans les codes de beauté africains, plus tu as de fesse, de hanches et de ventre, plus cela fait de toi une femme belle et désirable. Alors forcément ils sont contents pour toi (toi, tu l’es moins).
● Quand tu croises des piétons en train de pousser leur brouette sur la bretelle d’accès a l’autoroute.
● Quand les gens font leur footing sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute.
● Quand à la sortie de la ville sur le bord de l’autoroute tu aperçois trois jeunes noirs debout le long de la voie, vêtus seulement d’un slip noir et peints en blanc de la tête aux pieds, une sagaie à la main. Je pense qu’il s’agissait de trois jeunes en train de faire leur rite d’initiation, mais ça n’en fait pas moins un drôle d’effet de voir une telle scène juste à la sortie de la ville et le long de l’autoroute.
● Quand tu arrives à un gros croisement où un agent gère la circulation au milieu du carrefour en dansant et se trémoussant allègrement, heureux de réguler le flot de voitures en se déhanchant.
● Quand ils sont 15 entassés à l’arrière du pick-up devant toi.
● Quand tu tombes sur des noms imprononçables, du genre : Gxagxama Nomkhaya, Mbonambi S’busiso, Mluleki Gqobose.
● Quand le long de n’importe quelle route tu croises inévitablement une multitude de voitures en panne sur la bande d’arrêt d’urgence.
● Quand il est tout à fait commun de voir dans les magasins des vêtements aux motifs de zèbre, léopard ou girafe.
● Quand les gens marchent à deux à l'heure dans la rue ou dans les couloirs du bureau, même s’ils sont pressés.
● Quand l’autoroute traverse un township et que les habitants traversent en courant entre deux voitures qui passent en trombe.
● Quand les vaches sont en train de brouter sur les bas-côtés de l'autoroute mais qu’il n’y a pas de barrière pour les empêcher de s’aventurer sur les voies si le cœur leur en dit.
● Quand les Noirs tchipent pour marquer leur accord, leur désaccord ou leur exaspération. Le tchip c’est une espèce de claquement de langue ou de lèvre qui ponctue le discours.
● Quand tu rentres en France et que tu charges des photos sur un site en 2min, alors qu'en Afrique du Sud cela met plus d'une heure.
● Quand le taxi-township (=le minibus qu'utilisent tous les Noirs pour se déplacer) devant toi pile n'importe où sans prévenir pour laisser descendre un passager, comme par exemple juste dans le tournant d'un carrefour en pleine ville.