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Jour de mobilisation nationale pour la démission de Zuma


Mobilisation à Cape Town

Zuma s'accroche toujours au pouvoir. Mais les Sud-Africains commencent à sérieusement perdre patience.


La colère populaire est encore montée d'un cran jeudi dernier, lorsque Zuma a soudain décidé d'un remaniement ministériel, limogeant le ministre des Finances, figure de la lutte anti-corruption, ainsi que 9 autres ministres. A la place, il a nommé 10 ministres et autant de vice-ministres, considérés pour la plupart comme ses proches et sa famille; le nouveau ministre des Finances n'a semble-t-il même pas un certificat de scolarité de l'école primaire. S'en est suivie une dégringolade du rand, la monnaie sud-africaine, et il y a quelques jours Standard&Poor's dégradait la note souveraine du pays au niveau junk.


Très vite, les principaux partis de l'opposition ont appelé à une grande manifestation au-delà des partis politiques, des religions et des couleurs de peau, pour enfin obtenir le départ de Zuma. Le problème étant que Zuma est protégé par le réseau de corruption qu'il a tissé, et que son parti, l'ANC, ne veut pas le destituer car ils ne veulent pas perdre le pouvoir.


Les Sud-Africains étaient donc appelés à la désobéissance civile aujourd'hui : ne pas aller au travail et aller manifester dans les rues, bloquer les autoroutes, se rassembler devant les mairies, créer des chaînes humaines le long des avenues. Pour beaucoup de Blancs, c'était leur ''première manif'' (les Noirs et les Coloured ayant, eux, vécu la lutte contre l'apartheid).


ils étaient des dizaines de milliers à travers le pays aujourd'hui. Difficile de trouver des estimations chiffrées de la mobilisation (la qualité des chaînes d'informations sud-africaines est loin de la maturité journalistique française !) , mais on parle de 60 000 à 100 000 personnes. Pour un mouvement à l'échelle nationale, on reste loin du soulèvement populaire tel qu'on l'entendrait en France dans de telles circonstances. Mais pour les Sud-Africains, c'est une grosse mobilisation. Et surtout, c'est la première manifestation de l'histoire du pays où toutes les races se rallient et marchent ensemble pour une même cause. Dans les cortèges aujourd'hui, les Noirs et les Coloured marchaient au côté des Blancs. Le symbole est très fort.


Il y a peu de chance que cela ait convaincu Zuma de se retirer. Mais les organisateurs de la mobilisation ont prévenu que le mouvement ne s'arrêterait pas là, et qu'ils continueraient jusqu'à ce que Zuma se décide à partir.


Le 18 avril prochain, une motion de censure sera votée au Parlement. Tous espèrent que Zuma sera destitué. Mais il a déjà survécu l'an dernier à plusieurs motions de ce type, car l'ANC possède une large majorité de sièges au Parlement (249 députés sur 400). Toutefois, le principal syndicat et allié historique de l'ANC, le Cosatu, faisait partie des organisateurs de la mobilisation d'aujourd'hui: Zuma a perdu un précieux allié. Et cela permet d'envisager que, peut-être, la motion de censure passera. Tout ce qu'il faut, c'est que 50 députés de l'ANC décident de voter contre Zuma.


La suite au 18 avril donc, pour savoir si l'Afrique du Sud s'oriente vers un schéma de déliquescence politique et économique, comme avec Mugabe au Zimbabwe, ou bien si l'espoir renaît avec un changement de Président et de politique économique, ainsi qu'un assainissement de la classe politique et un plan massif d'éradication de la corruption.


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