Gros décalage avec notre société française complètement industrialisée, il trouve encore en 2017 en Afrique du Sud des tribus de chasseurs-cueilleurs : les San. Ils vivent dans le désert du Kalahari, situé tout au nord de l'Afrique du Sud, en Namibie et au Botswana.
Le terme ''Khoïsan'' désigne deux vieilles ethnies africaines ayant des traits génétiques et linguistiques communs : les San et les Khoï. Les premiers étaient des chasseurs-cueilleurs ; les seconds, des bergers. Les Khoïsan sont les premiers locaux que les Hollandais ont rencontré à leur arrivée au Cap au XVIIè siècle. Les Hollandais désignaient les San sous le nom de bushmen, littéralement ''les hommes de la savane'', Bochimans en français par anglicisme. Les Khoï, eux, étaient connus sous le nom de Hottentots, appellation issue du mot hollandais signifiant ''égayer'', en référence aux clics de la langue khoï.
Car les langues khoï et san avaient la particularité d'être basées sur tout un ensemble de claquements de bouche, appelés clics, faisant partie intégrante de la prononciation des mots. Il y a plus de cinquante clics dans les langues khoïsan ! C'est d'ailleurs ce système de clics qui a conduit à l'apparition des clics dans le xhosa, la langue de ce qui est aujourd'hui l'une des principales ethnies noires en Afrique du Sud, les Xhosas.
Si vous vous rappelez du film Les dieux sont tombés sur la tête sorti en 1980, le film met justement en scène une tribu de San dont la paisible vie en communauté se retrouve complètement chamboulée par une bouteille de Coca lachée par un pilote d'avion et qui tombe du ciel au milieu de leur campement. Le film montre d'ailleurs très bien les clics de leur langue.
Aujourd'hui, les termes Bochimans et Hottentots ne sont plus utilisés car perçus comme très péjoratifs en raison de la servitude à laquelle ont été soumis les Khoïsan par les Hollandais et les massacres qui s'en sont suivis.
En réalité, les Khoïsan sont les seuls véritables locaux natifs d'Afrique du Sud. Ils ont vécu tranquillement dans le sud-ouest de l'Afrique du Sud pendant des millénaires, jusqu'à l'arrivée vers l'an 500 des Bantous (terme aujourd'hui aussi banni car considéré comme extrêmement raciste). Mais, historiquement, le terme de bantous désigne les ethnies noires qui ont migré depuis le centre de l'Afrique vers le sud, repoussant au fur et à mesure les chasseurs San. Eh oui, les Noirs dans le sud de l'Afrique sont tous des immigrés ! Avec l’arrivée des Bantous, les Khoïsan se sont fait dominer, et on ne les trouvait ensuite plus que dans le sud-ouest, c'est-a-dire la région de Cape Town, là où ont débarqué les Hollandais au XVIIè siècle.
Les Khoïsan ont laissé de nombreuses traces dans les montagnes du Western Cape. On trouve encore aujourd'hui de nombreuses peintures rupestres dans les grottes des montagnes de la région. Ce n'est qu'avec l'arrivée des Hollandais au XVIIè siècle que leur mode de vie a été complètement chamboulé. Ils ont alors arrêté de peindre dans les grottes et ont progressivement disparus. Les San refusaient de commercer avec les Hollandais ; ces derniers les craignaient car ils leur volaient leur bétail et se défendaient avec des flèches empoisonnées. Les San qui ont survécu aux Hollandais ont migré vers le nord, pour finir là où on les trouve encore aujourd'hui, dans le désert du Kalahari : une région aride, des dunes de sable et des broussailles, où personne ne va les embêter et où ils peuvent continuer leur tradition de chasse.
Physiquement, les Khoïsan sont très différents des populations noires : de petite taille, pas bien larges d'épaules, des corps secs mais puissants. Leur couleur de peau est aussi beaucoup plus caramel que celle des Noirs. Une autre charactéristique physique qui a rendu les Khoïsan célebres dans le monde occidental autrefois est le phénomène de stéatopygie qui caractérisait les femmes de leurs tribus. La stéatopygie, c'est le fait d'avoir un énorme postérieur, un amas de graisse complètement disproportionné au niveau des fesses, un phénomène que l'on retrouve aussi chez les Pygmées.
Les descendants des Khoïsan qui n'ont pas migré vers le nord et sont restés dans le sud-ouest de l'Afrique du Sud ont abandonné leur mode de vie ancestrale. Ils ont été absorbés dans le groupe raciale des Coloured et sont généralement devenus fermiers ou sont partis dans les villes.
